500 000 apprentis en 2017, c’est l’objectif visé par le Gouvernement. Mais comment mieux valoriser cette voie de l’alternance ? Avec 1,4 millions de candidats, l’Allemagne possède sans doute quelques éléments de réponse (2). Un enseignement de meilleure qualité ? Que nenni. Mais une vision globale différente de cet outil, dont la France pourrait s’inspirer.
Un choix naturel dès le collège
Alors que l’éducation française est attachée à la voie générale pour tous jusqu’à la seconde, l’Allemagne lui préfère une spécialisation plus précoce. La période du collège se détache donc en trois institutions possibles : un enseignement général allégé et technologique, un enseignement professionnel allant jusqu’au niveau bac et un enseignement général tourné vers le secondaire. Et ce n’est pas tout ! 300 professions sont accessibles uniquement via l’apprentissage (et pas seulement en artisanat) (3). Elle devient alors « la » voie normale pour accéder aux métiers de niveau bac. Rien à voir avec l’image « voie de garage » qui persiste injustement en France.
Des formations ultra réactives
En Allemagne, point de lourdeurs administratives ou de passage obligé par des réformes éducatives. Les formations sont mises sur pied à la demande même des entreprises, et en 9 mois (contre 3 à 5 ans pour une formation française) (1). De plus, ces mêmes entreprises sont les actrices principales du système : ce sont elles qui contrôlent la formation, qualifient le personnel formateur, et prennent la responsabilité de la sélection des apprentis. Résultat ? Une offre de formations toujours en évolution, et des compétences constamment en phase avec les besoins du marché. D’où moins de chômage !
Une autre culture de l’entreprise
Enfin, c’est la place même de l’apprenti dans l’entreprise qui est utilisée différemment. Pour l’accueil des jeunes à former, les entreprises allemandes reçoivent trois fois moins de fonds publics, et seulement quelques aides ponctuelles. Pourtant, cela fonctionne. La plupart des entreprises, TPE PME et grandes entreprises font appel à des apprentis. Pourquoi ? Parce que l’Allemagne pense que sa mission est de former des jeunes à la compétitivité. Le coût pour l’entreprise ne passe pas en priorité. Façon de voir les choses. De même, l’apprentissage est envisagé en général comme une pré embauche (66 % des formations en alternance se terminent par une pré embauche, contre 33 % en France) (4). C’est même la manière la plus classique d’embaucher un jeune travailleur.
Ces trois pistes sont-elles à appliquer telles quelles ? Non, bien entendu. Pour deux raisons, d’abord, par ce que nous n’avons pas la même histoire que l’Allemagne mais ces trois fondamentaux peuvent tout de même inspirer notre politique à long terme. Ensuite parce que notre principale problème en France est de ne pas suffisamment anticiper les besoins immédiats des entreprises dans l’apprentissage.
(2) France TV, Apprentissage : l’incontestable modèle allemand
(3) Défi métiers, Des idées pour l’apprentissage inspirées du modèle allemand
(4) BFM Business, Apprentissage : comment faire aussi bien que les Allemands