La Fédération Nationale des Associations Régionales de DIRecteurs de Centres de Formation d’Apprentis (FNADIR) est un réseau national qui regroupe les directions de CFA pour agir en faveur de l’apprentissage, au niveau national et européen. Son président, Patrick Maigret, a accepté de nous faire part de ses inquiétudes et attentes quant à la récente réforme de l’apprentissage.
Une réforme très attendue
« Avant la mise au point de la réforme, les partenaires ont pu se concerter, chacun formulant son avis en matière d’apprentissage. C’est pourquoi nous sommes tous, aujourd’hui, dans l’attente de précisions concernant cette réforme… Réformer, c’est bien, mais faire évoluer les choses dans le bon sens, à la fois qualitativement et quantitativement, c’est mieux ! » affirme Patrick Maigret.
Avec cette réforme de l’apprentissage, plusieurs bonnes nouvelles arrivent :
- les branches professionnelles seront plus impliquées dans la conception des diplômes de l’Éducation nationale et dans leur adaptation aux évolutions ;
- la création d’une prépa apprentissage est saluée. Les CFA tiennent d’ailleurs à en avoir la responsabilité : ils sont les mieux placés pour préparer les jeunes aux exigences de la vie professionnelle.
La phase de transition : des interrogations persistent
Malgré ces avancées, plusieurs sujets doivent faire l’objet de discussions afin d’introduire une régulation de qualité tant au plan national que régional. « Il faut être très vigilant quant à la gestion de la période de transition. Beaucoup d’aspects pratiques et techniques vont subir des modifications conséquentes, c’est pourquoi la phase de transition risque de s’avérer délicate. En effet, on ne passe pas d’une gestion régionale à une gestion par les branches en un tournemain. La complexité réside surtout auprès des CFA interbranches. ». La FNADIR propose d’ailleurs d’introduire un dispositif de sécurisation du financement des CFA.
Autre source d’inquiétude : la proposition du gouvernement visant à créer des UFA dans tous les lycées professionnels. Cette création permettra-t-elle une utilisation rationnelle des plateaux techniques déjà existants ? Y aura-t-il des passerelles et une saine émulation entre lycées professionnels et CFA, avec une mixité des parcours ? Ou, au contraire, une concurrence déséquilibrée où seuls les lycées pourront offrir ces parcours mixtes ?
L’attractivité de l’apprentissage
« Sans une entreprise et un jeune qui signent le contrat, il n’y a pas d’apprentissage. Or, nous constatons que, chaque année, un certain nombre d’offres ne sont pas pourvues. Cela signifie qu’il faut travailler la problématique de l’orientation et de l’attractivité des métiers. », souligne le président de la FNADIR.
- Pour les jeunes
« L’apprentissage ne peut pas être considéré uniquement comme un levier de lutte contre le chômage des jeunes. » L’apprentissage est surtout l’une des deux voies de la formation initiale qui permet aux jeunes de devenir les professionnels et les citoyens éclairés de demain.
« La clé d’entrée est la problématique de l’orientation et la revalorisation des filières professionnelles. Cependant, il n’y a eu aucune annonce concernant cet aspect. » L’apprentissage devrait effectivement bénéficier de la même estime que les autres voies de formation initiale – et l’Éducation nationale devrait œuvrer dans ce sens. Sans cela, l’apprentissage risque de continuer à n’être prescrit, par défaut, qu’à une certaine catégorie de jeunes…
- Pour les entreprises
Pour développer l’apprentissage, il faut aussi plus d’entreprises prêtes à y recourir. Il y a bien quelques mesures de simplification : suppression de l’autorisation prud’homale pour rompre un contrat d’apprentissage après la période d’essai, assouplissement de la réglementation des horaires dans certains secteurs, etc. Mais rien n’est fait pour augmenter l’attractivité des métiers par les branches et les entreprises.
Le coût du contrat
Ce point semble être le plus flou de la réforme de l’apprentissage : de nombreuses questions restent en suspens.
Qu’englobera le coût du contrat ? Comment permettre un juste calcul ? À quel moment enclenche-t-on le financement d’un contrat ? Sera-t-il pris en charge en cas de rupture ? Comment sera financé le travail du CFA ? L’accueil d’un apprenti exclu d’un autre CFA sera-t-il financé ? Comment seront prises en charge les formations qui ne relèvent pas d’une seule branche professionnelle – comme les formations tertiaires, transverses supérieures ou les métiers de l’artisanat ? La FNADIR s’inquiète notamment de la pérennité des financements des CFA, actuellement fortement soutenus par les conseils régionaux.
Pour aller plus loin, découvrez aussi les clichés qui persistent sur l’apprentissage !
La problématique de l’égalité de traitement de l’ensemble des CFA et, par conséquent, des jeunes de territoires différents est au cœur de cette libéralisation du système de l’apprentissage.
Nous remercions Patrick Maigret et la FNADIR pour leur expertise et leur disponibilité.
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