


Les conflits organisationnels sont une réalité incontournable dans le monde de l’entreprise. Qu’ils soient relationnels, de tâche ou de processus, ces différents types de tensions impactent directement la performance collective et individuelle. Loin d’être uniquement négatifs, les conflits peuvent, s’ils sont bien compris et gérés, devenir des opportunités d’amélioration organisationnelle, de créativité et d’innovation. Pourtant, leur mauvaise gestion peut entraîner un climat délétère, une perte d’efficacité et une augmentation du turnover.
C’est dans ce contexte que l’étude réalisée par Eddakir Smail et Maaroufi Abdelkader, intitulée « Le management des conflits dans les organisations : quels apports de la théorie des parties prenantes« , apporte un éclairage essentiel. Selon les auteurs, comprendre la nature des conflits au sein des organisations et analyser leurs déclencheurs permet non seulement de limiter leurs effets néfastes, mais aussi de capitaliser sur leurs avantages. Leur approche repose sur une double lecture : d’une part, une analyse fine des typologies des conflits et de leurs composantes, et d’autre part, une mobilisation de la théorie des parties prenantes pour en comprendre les dynamiques.
L’objectif de cet article est d’offrir une cartographie pratique des conflits organisationnels, en identifiant leurs causes profondes et leurs différents types. En explorant les classifications développées par des chercheurs tels que Rahim (2001) et Jehn (1997), nous mettrons en évidence les points d’attention pour les managers soucieux d’améliorer la cohésion et la performance de leurs équipes. De plus, nous examinerons les signes précurseurs qui permettent de détecter les tensions avant qu’elles ne dégénèrent.

Dans un environnement professionnel de plus en plus complexe et interconnecté, où les équipes sont souvent confrontées à des pressions concurrentielles et organisationnelles accrues, cartographier les conflits devient une compétence stratégique. Comprendre leurs origines, reconnaître leurs différents visages, et anticiper leurs évolutions constituent autant de leviers pour renforcer la résilience organisationnelle.
Ce premier article d’une série dédiée au management des conflits explorera les bases théoriques et pratiques pour une gestion efficace. Il apportera aux décideurs et professionnels des clés de compréhension pour transformer ces moments de tension en opportunités de croissance.
Les conflits organisationnels trouvent leur origine dans une variété de causes interconnectées, qui reflètent la complexité des dynamiques humaines et structurelles des entreprises. En identifiant ces causes, les managers peuvent mieux anticiper et prévenir les situations conflictuelles.
Les conflits humains découlent souvent des différences de personnalités, de croyances et de valeurs. Par exemple, des divergences sur des principes éthiques ou des styles de communication incompatibles peuvent générer des tensions. Selon Rahim (2001), ces conflits sont fréquemment émotionnels, alimentés par des perceptions différentes des réalités organisationnelles. Les personnalités dominantes ou introverties peuvent également se heurter dans leurs manières d’interagir, créant des situations de blocage. Les émotions, telles que la frustration ou la jalousie, jouent un rôle amplificateur dans ces tensions.

Les organisations elles-mêmes peuvent créer des conditions propices aux conflits. Parmi les causes structurelles, on trouve :
Outre ces facteurs, des politiques organisationnelles incohérentes ou des objectifs contradictoires entre départements peuvent créer un terreau fertile pour les conflits.
Les interactions quotidiennes entre collègues et équipes constituent un terreau fertile pour les conflits. Des attentes mal communiquées, des mésinterprétations ou des différences culturelles peuvent également jouer un rôle. Par ailleurs, les changements organisationnels majeurs, tels que des fusions ou acquisitions, augmentent les risques de malentendus et de rivalités entre parties prenantes. Ces événements sont souvent accompagnés d’incertitudes, ce qui amplifie les tensions. La compétition pour les postes ou les ressources dans ces contextes peut entraîner une intensification des tensions interpersonnelles.
Certaines dynamiques, comme l’établissement de clans informels ou de groupes d’intérêt au sein des équipes, peuvent accentuer les divisions et rendre la collaboration plus difficile. Ces réseaux informels, bien qu’utiles dans certains cas, peuvent isoler certains employés et créer un sentiment d’exclusion.
Identifier ces causes constitue une première étape cruciale dans la gestion des conflits. En les reconnaissant, les entreprises peuvent instaurer des mécanismes préventifs pour limiter leur escalade. Cela peut inclure des programmes de formation sur la communication, des méthodes pour définir clairement les rôles et responsabilités, et des processus de consultation active lors des changements organisationnels. Plus ces mécanismes sont anticipés, plus les chances d’éviter des conflits destructeurs augmentent.
La compréhension des différents types de conflits est essentielle pour adapter les stratégies de gestion et prévenir leur escalade. Chaque conflit possède des caractéristiques spécifiques qui nécessitent une approche distincte. Parmi les modèles les plus reconnus, ceux de Rahim (2001) et de Jehn (1997) apportent des perspectives complémentaires qui enrichissent l’analyse des tensions organisationnelles.
Rahim (2001) propose une typologie basée sur les différentes sources des conflits organisationnels. Cette classification distingue :
Cette typologie permet d’identifier les sources profondes des tensions et d’adopter des stratégies adaptées à chaque situation.

Jehn (1997) approfondit l’étude des conflits en les regroupant en trois grandes catégories :
Les conflits peuvent également être analysés sous l’angle de leur niveau organisationnel :
La typologie des conflits offre aux managers une feuille de route pour identifier précisément la nature des tensions. Cette identification est un préalable indispensable pour choisir les outils de résolution les plus efficaces.
La gestion proactive des conflits repose sur la capacité des managers à reconnaître les signaux subtils qui précèdent une escalade. Ces signes peuvent être comportementaux, émotionnels ou structurels. Identifier ces indicateurs tôt permet non seulement de prévenir l’aggravation des tensions, mais également de maintenir un climat organisationnel sain.

Certains comportements au sein des équipes peuvent indiquer l’émergence de tensions :
Les conflits affectent également les émotions des individus, souvent perceptibles dans leur communication non verbale :
Au-delà des individus, certaines dynamiques organisationnelles indiquent qu’un conflit pourrait éclater :
Pour prévenir les conflits, les managers peuvent utiliser divers outils d’évaluation :
Reconnaître ces signes avant-coureurs est essentiel pour intervenir rapidement et éviter que les tensions ne se transforment en conflits ouverts.
Les conflits, qu’ils soient bien ou mal gérés, laissent une empreinte significative sur le fonctionnement organisationnel. Si certains conflits mal gérés peuvent nuire gravement à la productivité et au climat de travail, une gestion efficace peut au contraire transformer ces tensions en opportunités de croissance et d’amélioration.
Un conflit mal géré peut avoir des répercussions importantes :
À l’inverse, les conflits bien gérés offrent des opportunités uniques :

En somme, les conflits ne sont pas intrinsèquement nuisibles. Leur impact dépend largement de la manière dont ils sont gérés. Les organisations qui investissent dans la formation et les outils nécessaires pour gérer les tensions de manière proactive sont mieux placées pour transformer ces défis en atouts stratégiques.
Les conflits organisationnels, bien qu’inévitables, ne doivent pas être perçus uniquement comme des obstacles. En comprenant leurs causes profondes, en identifiant les typologies spécifiques, et en reconnaissant les signes avant-coureurs, les entreprises peuvent transformer ces tensions en véritables opportunités d’amélioration.
Comme le souligne l’étude de Eddakir Smail et Maaroufi Abdelkader, adopter une approche proactive basée sur des outils théoriques solides, tels que la théorie des parties prenantes, permet d’encadrer efficacement les conflits. Les entreprises qui intègrent ces pratiques dans leur gestion quotidienne renforcent non seulement leur résilience organisationnelle, mais aussi leur capacité à innover et à maintenir un climat de travail harmonieux.
Investir dans la formation des managers, la mise en place de processus clairs, et la création d’une culture organisationnelle ouverte au dialogue sont des leviers essentiels pour transformer les conflits en atouts stratégiques. La clé réside dans une gestion éclairée et anticipative, qui envisage les tensions non pas comme une fin en soi, mais comme une étape vers la progression collective.
Pour aller plus loin :

5 novembre 2025
Formation


3 novembre 2025
Intelligence Artificielle – IA


29 octobre 2025
Formation

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